Les leçons des Shadoks

Les leçons des Shadoks

« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? » Qui n’a pas déjà utilisé cette phrase, passée dans le langage courant… Elle semble vieille comme le monde et pourtant elle n’a que 50 ans  et toujours autant de succès ! Mais qui sait qu’elle nous vient des Shadoks, une série télévisée française lancée en avril 1968 ? Révolutionnaire, cette série n’a jamais eu son égale par la suite. Nostalgie…

Oui, je l’avoue : je suis en manque. En manque de l’incroyable silhouette des Shadoks, de leurs idées  » lumineuses », de leurs non-aventures et de la voix de Claude Piéplu. Avant ces drôles d’oiseaux jaunes, la télévision française – l’ORTF – présentait aux enfants (dont je faisais partie) Thierry La Fronde, le Manège Enchanté, Saturnin le petit canard (ah, le timbre de Ricet Barrier !)… C’était mignon. Puis déboule le 29 avril 1968 une bande de volatiles complètement allumés qui vivent sur une planète située « à gauche du soleil », à la forme changeante. La sage ORTF a laissé pénétré en son sein des révolutionnaires dont on se demande s’ils n’étaient pas l’avant-garde de ce qui allait se passer quelques jours plus tard… Car comment ne pas faire de parallèle entre les slogans de mai 68 – comme « Il est interdit d’interdire » – et ceux des Shadoks du genre « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème » ou « Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes »? C’est certainement osé comme comparaison mais les Shadoks témoignent d’une liberté de ton, d’un affranchissement de la bienséance que l’on retrouve dans le mouvement de mai 68.

Créée par un ancien publicitaire – Jacques Rouxel – cette espèce de BD télévisuelle a de suite connu le succès. Comme quoi les Français étaient prêts à découvrir autre chose que « Cinq colonnes à la Une ». On peut être sérieux, aimé se documenter et rire franchement de l’absurdité des Shadoks qui n’avaient que quatre syllabes comme vocabulaire. Présentés comme bêtes et méchants, ils avaient des ennemis, les Gibis (nettement moins jetés), reconnaissables à leur chapeau melon et dotés d’une intelligence fine. Je soupçonne Jacques Rouxel d’avoir des affinités secrètes avec les Anglais…

Le choix du comédien Claude Piéplu pour la narration ainsi que celui de Robert Cohen-Solal pour les bruitages a été judicieux. Le tout a formé un mélange détonnant qui a fait le bonheur des téléspectateurs (dont je fus) au cours de 208 épisodes  dont les derniers furent transmis en 2000 sur Canal+. Depuis, plus rien. Si ce n’est quelques images, par ci par là, à l’occasion des 50 ans de leur création. Dommage… Leurs loufoqueries – comme le « permis de ne pas conduire’ – me manquent.

En attendant votre retour (l’espoir fait vivre), amis Shadoks, je vous souhaite un bon anniversaire !

Véronique Cohu

#shadoks

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