07 Nov Lanceur d’alertes : un guide pour le devenir
Un lanceur d’alertes, kesako ? Le terme effraie certains, en fait rêver d’autres. C’est un peu comme Zorro : une partie de la société le considère comme un voyou à éliminer et une autre partie le vénère comme un héros, pourfendeur des inégalités et redresseur de torts. Ainsi en va-t-il du lanceur d’alertes… Qu’on l’admire ou le déteste, on éprouve en tout cas un même sentiment : surtout ne pas être à sa place !
Mais le dernier ouvrage sur le sujet, « L’art de lancer une alerte », nous incite à relever la tête et à oser. Penchons-nous sur l’un des phénomènes les plus originaux et emblématiques de notre époque !
Et ce n’est pas facile d’oser car nous avons connaissance de quelques exemples, via des reportages, de personnes qui ont vu leur carrière brisée et leur vie privée anéantie parce qu’elles avaient dénoncé l’un ou l’autre scandale. Ce fut le cas dernièrement de cette infirmière auxiliaire qui a été suspendue pendant dix jours pour avoir dénoncé le manque de personnel dans le Centre d’hébergement et de soins de longue durée où elle travaillait. Son cas n’est pas unique. D’autres lanceurs d’alertes, notamment dans le milieu de grands groupes bancaires, ont vu leur vie ravagée après qu’ils aient dénoncé pots de vin et blanchiment d’argent. Donc, prudence. On ne part pas comme ça « la fleur au fusil » pour déclarer la guerre à un adversaire de forte carrure. D’où l’importance de se renseigner sur la façon de faire.
Quelques recettes
La lecture du livre de Roger Lenglet et Isabelle Badoureaux (éd. Yves Michel) s’impose. Eux-mêmes acteurs d’alertes, ils répertorient dans ce livre les scandales politico-financiers, sanitaires et environnementaux de ces dernières années. Surtout, ils nous montrent que la population n’attend plus les communications officielles pour identifier les dérives et les menaces. Au début, l’arrivée d’Internet et de son anonymat supposé, a certainement aidé à « lancer » le phénomène. Les réseaux sociaux ont aidé à faire éclater quelques vérités délicates. Mais sans prendre de précautions – ladite infirmière avait alerté via Facebook – le lanceur d’alertes peut se mettre dans un beau pétrin, ce qui n’est pas le but recherché… Alors, comment lancer l’alerte ? Comment la préparer ?
Les deux auteurs dévoilent les recettes pour lancer au mieux une alerte en partageant notamment les leçons tirées des grandes batailles (comme celles menées par les victimes du mercure à Minamata en 1959 ou les témoins des méfaits du DDT aux États-Unis dans les années 1960) et de leurs propres expériences (amiante, jeunes filles handicapées stérilisées). Dans ce guide, chaque étape est explicitée : repérer un motif d’alerte, les précautions à prendre, se trouver des alliés, la loi Sapin II, connaître et contrer les techniques des lobbyistes, affronter les campagnes de décrédibilisation…
Un ouvrage qui tombe à point puisque le 23 avril 2018, la Commission européenne a publié un projet de directive sur la protection des lanceurs d’alertes. Le texte du projet a été reçu positivement par les ONG mobilisées sur la question. Quant aux autres… Nous verrons bientôt en faveur de qui elle penchera car cette directive doit être finalisée d’ici 2019, soit dans quelques petits mois.
Véronique Cohu
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Roger Lenglet
Posted at 22:41h, 27 novembreMerci Véronique pour cet article qui nous va droit au coeur !
Isabelle Badoureaux et Roger Lenglet