J’ai mal à ma fracture numérique !

J’ai mal à ma fracture numérique !

« Quoi… tu ne sais pas manipuler une souris ? »… « Hein, vous ne savez pas vous servir d’un clavier ? »… Voilà des réactions étonnées qui ne devraient plus s’entendre en cette fin 2017 ! Et pourtant, elles ne sont pas près de disparaître quand on sait qu’un Français sur cinq est en « précarité numérique ». On parle aussi de « fracture numérique » au sein de notre société.

Mais que s’est-il passé depuis l’arrivée de l’Internet en France dans les années 90 et celle des ordinateurs personnels dans les années 70 ? Si certains, grâce à leur activité professionnelle, ont pu vite et facilement adopter ces nouvelles technologies, beaucoup d’autres, fautes de moyens et/ou d’opportunités, n’ont pu acquérir la même aisance d’utilisation. Les premiers ont souvent bénéficié de formations alors que les autres n’y ont jamais eu accès. Et, quoiqu’on en dise, un ordinateur et une connexion internet représentent des dépenses que tout le monde ne peut se permettre. D’ailleurs, cette fracture numérique touche essentiellement les personnes qui sont déjà en situation de précarité (environ 5 millions).

Tout cela n’empêche pas l’énorme machine administrative française d’avancer dans son programme de dématérialisation (le tout numérique est prévu pour 2022). Et tant pis pour la fracture numérique ! Si l’idée est bonne de vouloir désengorger les files d’attente devant les guichets et d’utiliser moins de papier, force est de constater que cela accroît la précarité de ces personnes en les isolant encore plus.

L’exemple Desclicks

Conscientes de cette injustice, de bonnes âmes se sont regroupées pour permettre aux citoyens à faibles revenus de se former gratuitement et d’utiliser des ordinateurs mis généreusement à leur disposition. C’est le cas de Desclicks, installée près de Strasbourg. Prônant « l’informatique solidaire », cette association veut rendre les technologies de l’information et de la communication accessibles au plus grand nombre. Elle  propose à ses adhérents (on donne ce qu’on veut pour adhérer) un espace de connexion à l’Internet, des formation tous publics et tous niveaux, des cours spécifiques adaptés aux seniors et aux débutants. On peut y acheter à petits prix des ordinateurs revalorisés par l’association dont les animateurs sont toujours prêts à vous conseiller (achat de matériel, choix du fournisseur d’accès, etc.). Seul hic: l’association risque de disparaître suite à la suppression des emplois aidés (soutenez-la en allant sur http://financez-desclicks.wesign.it/fr).

La plateforme Les Bons Clics

Autre excellente initiative: l’association WeTechCare a créé la plateforme Les Bons Clics. Là encore, il s’agit de faciliter l’accès au digital à ceux et celles qui n’en n’ont pas les moyens. Sur cette plateforme (par contre il faut trouver un ordinateur…), on peut se familiariser gratuitement aux usages numériques essentiels. Destinée aussi bien aux personnes qu’aux structures d’accompagnement, cette plateforme propose divers cours en ligne, simples et efficaces. On peut commencer par  « utiliser une souris d’ordinateur », puis s’aventurer dans « comment me repérer sur le bureau Windows ». On y encourage à aller découvrir « le meilleur de l’Internet » et à effectuer « avec succès » ses démarches en ligne. WeTechCare espère ainsi toucher un million de personnes d’ici cinq ans pour bannir la fracture numérique et « réussir l’inclusion numérique ».

Véronique Cohu

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