27 Mar Eloge du court
Le voilà ! Il est sorti ! Il est publié (aux éditions Ex Aequo) mon nouvel opus. Vibrant hommage au court, « Histoires courtes pour personnes raccourcies » est un recueil de nouvelles résolument « déjantées », dans la même veine que mon premier roman « Rêvez… je ferai le reste » (Grasset). Euh non, tout compte fait, beaucoup plus déjanté.
Cette fois-ci, plutôt que de développer une seule et même histoire, j’ai choisi de m’engouffrer dans un genre que j’adore, la nouvelle. Peu recherchée du lectorat français paraît-il, la nouvelle serait très appréciée aux Etats-Unis. Pourtant, nous comptons de grands nouvellistes parmi nos écrivains, comme Guy de Maupassant (La Maison Tellier), Honoré de Balzac (Madame Firmiani) , Marguerite Yourcenar (Nouvelles orientales), Annie Saumont (Je suis pas un camion) …
Loin de me comparer à de telles pointures, je me suis tout de même lancée dans l’aventure de la « nouvelle ». Après avoir été beaucoup dans les nouvelles comme journaliste, il était presque naturel que je passe au singulier.
Mais qu’est-ce qu’une nouvelle ?
Il y a diverses écoles dont la française, caractérisée par l’importance du réalisme, quelque soit le thème: amour, science-fiction, fantastique, enquêtes policières. C’est un genre qui s’est répandu en Europe et il y a un réel public pour lui ! Car la nouvelle exige un style incisif, un rythme soutenu. Comme il s’agit d’un texte court, l’auteur(e) doit à la fois aller à l’essentiel tout en maintenant un certain suspens. L’histoire est donc centrée sur une action principale et le nombre des personnages doit être restreint. Je dirais que la narration doit être ciselée comme un bijou précieux. L’écriture courte et rythmée nécessite à mon sens un gros travail car dans ce style, impossible de se laisser aller à noircir et noircir des pages (le syndrome de l’écrivain !).
Rédigeant mes nouvelles à la mode « française » – je suis tombée enfant dans le chaudron – j’ai conservé spontanément ce réalisme si caractéristique. C’est en cela que la nouvelle se distingue du conte. La fin d’une nouvelle est aussi particulière et la chute doit être particulièrement soignée, avec un dénouement surprenant.
Donc, vous l’avez compris, une nouvelle est un texte court. A partir de là, j’ai décidé de choisir ce thème du court comme fil rouge de mon recueil. D’où le titre (of court !). Et puis, vu les histoires horribles que je raconte au cours desquelles quelques personnes se voient « raccourcies » de diverses façons, j’y ai adjoint « pour personnes raccourcies ». La boucle est bouclée. Le court est écourté. Quelle bonne nouvelle n’est-ce pas ?
Extrait d’une des nouvelles : « Marcel »
« Marcel est laid. Il pue, il est gros et bouffe des madeleines à longueur de temps. Il a des goûts bizarres. Rien ne le met plus en joie que l’odeur suave de la lessive. Dès qu’il hume une émanation de poudre blanche, il en bave de plaisir. Ses lèvres humides et pendantes deviennent encore plus luisantes. Ce qui ne le rend pas particulièrement séduisant. Mais tout le monde – ou presque – s’extasie devant lui ! (…) »
Véronique Cohu
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