15 Nov Ça roule pour les autoroutes photovoltaïques !
Nous aimons nous faire dorer la pilule au soleil quand les beaux jours sont là. Alors pourquoi nos routes n’aimeraient-elles pas, elles aussi, se faire dorer la… cellule ? L’idée a fait son chemin et, après quelques années de recherches, une entreprise française, Colas, est en passe de devenir le leader mondial des routes photovoltaïques.
Spécialiste du bitume, Colas (groupe Bouygues), a demandé aux ingénieurs de sa filiale Wattway, il y a une dizaine d’années, de se mettre au ras des pâquerettes. Pas évident de changer d’horizon… Faire descendre le voltaïque de sa position verticale légèrement penchée à celle d’une horizontale tout ce qu’il y a de plus plat ! Ils travaillent avec l’Institut national de l’énergie solaire et un nouveau revêtement routier voit le jour : des dalles, constituées de cellules solaires en silicium polycristallin, intégrées dans des couches de polymères et de résines, directement collables sur les chaussées.
Les premiers essais se font à Chambéry et Grenoble. Les dalles, fabriquées dans l’Orne par la Scop SNA, sont testées par plus d’un million de véhicules. Un tour de force quand on sait que les panneaux photovoltaïques traditionnels sont fragiles. L’ingéniosité de Wattway réside dans la nature du revêtement transparent qui les protège. Le feu vert est donné ! Colas recouvre, début 2016, 1 km de route nationale dans l’Orne. 5 millions d’euros sont investis par le Département. Fin 2016 est inauguré un site pilote Wattway aux Etats-Unis (Géorgie). Dédiée à l’innovation pour tester et créer la première autoroute durable au monde, The Ray C. Anderson Foundation a invité le groupe Colas à prendre part à un projet public-privé. L’installation de 50 m2 de dalles photovoltaïques Wattway doit fournir l’énergie qui alimente le Centre d’information touristique.
Première mondiale dans les Landes
Puis, en novembre 2017, c’est carrément une première mondiale que s’offre Colas. 60 mètres carrés sont posés dans les Landes, sur l’A63, au niveau d’un péage (100 000 euros payés par Atlandes, la société exploitante de l’autoroute à cet endroit). Les conditions sont exceptionnelles : les sorties de voie de péage sont des zones d’accélération importante des véhicules et les dalles doivent en plus résister aux poids des camions. Sur les 60 mètres carrés, dix sont posés différemment (d’où l’innovation), sans enrobé, mais directement sur le béton. Atlandes, de son côté, étudie la rentabilité de l’affaire. Les jours de beaux temps, les dalles photovoltaïques devraient assurer 95 % des besoins de ses péages.
Colas n’entend pas en rester là. La société ambitionne de couvrir de voltaïque environ 4% de la surface routière française ce qui assurerait 10 % des besoins énergétiques du pays. Voilà du concret qui fait écho au message lancé cet été par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire. Il exhortait à « aller beaucoup plus vite et beaucoup plus loin ». Rien de tel que les autoroutes…
Véronique Cohu
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